20120916

L’Écrivain et le Fruit



C'était un jour d'été, Bégonia rentrait du travail. Heureuse car l'orage s'arrêta, alors elle pouvait tout simplement glisser par la piste de boue en quoi s'était devenue la rue. Pourtant contrariée par le soleil farouche, rustique, impétueux et invasif qui lui brûlait même ses poils pubiens. Ô, si la terre n'était point si chaude ! elle pourrait même se rafraîchir toute nue en un glaiseux bain puéril.

Quelques pas plus loin, un arbre feuillu priait que Bégonia vienne s'y reposer à l'ombre. Fatiguée, elle s'y assit, ouvrit ses jambes et, cachée dessous les branches, elle se rafraîchit avec la terre humide. Soudain, comme jaillit le Cupidon, le petit bonheur, l'impétuosité : en penchant la tête vers le haut, les yeux de Bégonia virent la figure de Sylvia, un jaque. Ô, ma muse ! Quand je te regardai, ton corps vert-reptilien, ta peau mamelonnée... Tu m'attendais robuste et suspendue, toute accrochée par une talle corpulente.

Le jour tarda ; la nuit s'épanouit.
 
Bégonia amena Sylvia chez elle. Elles prirent une douche ensemble. Les deux à poil, elles étaient éperdues. L'écrivain découvrit les plaisirs du jaque. Le fruit connut l'insatiabilité de l'écrivain gloutonne. Les mamelons durs, la chair tendre à l'odeur forte et sucré. Bégonia prépara le fruit vert, haché menu, en plat salé : la fameuse recette du Ti'jaque Boucané.